worldtempus.com - 10 décembre 2009 Propos recueillis par
Anaïs Georges du Clos
Pendant plus d'une année, Jean-Baptiste Viot a orchestré la
restauration de l'horloge Wagner du Panthéon de Paris, en toute
clandestinité.
Restaurateur le jour, Jean-Baptiste Viot l'est aussi la nuit. Membre du
groupe clandestin basé à Paris Untergunther - qui œuvre à ses frais
pour la préservation des parties non visibles du patrimoine -, il a
passé plus d¹un an entre 2005 et 2006 à restaurer l'horloge oubliée du
Panthéon de Paris, au nez et à la barbe de l'administration française.
Anaïs Georges du Clos : Pourquoi avez-vous décidé de restaurer
l'horloge du Panthéon clandestinement ?
Jean-Baptiste Viot : L'oxydation et les mauvais
traitements imposés par un employé peu scrupuleux dans les années 60
l'avaient considérablement abî,mée et, si nous n'étions pas intervenus
rapidement, elle aurait été définitivement perdue. Nous avons agi dans
la clandestinité par nécessité, car les difficultés administratives
sont telles que nous n¹aurions jamais obtenu d'autorisation pour la
réalisation du projet.
La restauration de cette horloge Wagner du 19ème siècle
était-elle un challenge technique pour le spécialiste que vous êtes ?
Pas vraiment, car la restauration des pièces monumentales est moins
complexe que celle des montres de poche et les outils qu'on utilise
sont à la fois plus légers et plus maniables. Le plus long fut de
rassembler la documentation nécessaire sur les modes de fabrication de
l'époque et de déterminer les causes de la dégradation. Le plus
difficile fut de déplacer l'horloge dans l'atelier que nous avions
installé à la base du dôme. Pendant les mois d¹hiver, il fut aussi
pénible de lutter contre le froid et l'humidité.
Avez-vous été le seul à intervenir sur le mécanisme ?
Non, d'autres membres du groupe ont participé à la restauration,
c'était un travail d¹équipe. Ceux qui n'avaient aucunes connaissances
horlogères se sont chargés des tâches mineures et parfois ingrates
comme baigner et frotter les pièces.
En tant qu'horloger, était-ce un acte militant ?
Non, car mon intervention ne devait pas être médiatisée. Si on parle
d¹engagement, le mien va dans le sens de la préservation de
l'horlogerie traditionnelle et je l'exprime avant tout à travers mes
créations - notamment le «Chronomètre JB Viot à Paris» -, dont
l'esthétique fonctionnelle rappelle l'âge d'or de l'horlogerie
française des 18ème et 19ème siècles.
Le site de
Jean-Baptiste Viot